Mobilisation à Insee contact : malgré une grève bien suivie, la direction de l’Insee reste injoignable

Depuis plusieurs mois, les agents d’Insee Contact se battent pour la défense du service public qu’ils assurent et contre la nette dégradation de leurs conditions de travail. Avec le soutien d’une intersyndicale large réunissant la CFE-CGC, la CFDT, la CGT, FO et Sud, ils ont tenté d’alerter la Direction sur leurs problèmes par différents moyens – tracts, pétitions, relais syndicaux… – sans que celle-ci ne modifie jusqu’à présent son orientation d’un iota.

Face à cette absence totale d’écoute, la moitié des agents fonctionnaires des PIC de Rouen et de Strasbourg ont participé à une première journée de grève le 12 mars (voir le communiqué_de_presse).

Avec cette action lourde de sacrifices – tant en termes pécuniaires que vis-à-vis du public qu’ils ont à cœur de servir -, les agents – dont un certain nombre n’avaient jamais fait grève de leur vie – ne poursuivaient qu’un but : être enfin entendu·e·s par la Direction de l’Insee.

Le 12 mars avait également lieu une réunion de groupe de travail national sur l’organisation du travail des PIC : l’occasion, pouvait-on croire, de confronter des arguments avec la Direction de l’Insee.

Hélas, l’échange est demeuré à sens unique et les réponses de la Direction sont restées pour le moins insatisfaisantes. On vous explique pourquoi ci-après…

La charge de travail explose mais qu’on se rassure… « ça ira mieux demain » !

Alors que les difficultés que subit Insee Contact sont d’abord et avant tout dues à une insuffisance de personnels à mêmes de faire face à une charge de travail en constante augmentation, aucune réponse réaliste n’a été apportée par la Direction. Les simples « pics de charge » liés au Guichet Unique et autres situations supposément ponctuelles s’accumulent pourtant depuis plus d’un an. Au lieu de recruter des agents sur des postes pérennes, la Direction se borne à répondre CDD, et désormais robots conversationnels, serveurs vocaux interactifs et autres chatbox. En 2023, entre un quart et un tiers des demandes adressées à Insee Contact ont ainsi été traitées par de la main d’œuvre précarisée. Mais qu’on se rassure, ça ira mieux demain !

Des permanences téléphoniques réduites de moitié… pour le bien du service public !

De même, la décision de limiter à la plage 9h-13h (heures de métropole) les horaires d’ouverture des permanences téléphoniques n’a fait l’objet d’aucune discussion. Il s’agit là, aux yeux de la Direction, d’améliorer le taux d’appels dits « décrochés ». Pour satisfaire cette injonction gouvernementale formulée dans le cadre du programme « Service public + », celle-ci semble manifestement prête à tout, y compris à sacrifier les DOM – dont certains habitants ne pourront joindre l’Insee qu’entre 3 h et 7 h du matin entre avril et octobre – ainsi qu’une bonne partie des travailleurs dont les horaires de travail ne sont pas compatibles avec cette plage réduite. Mais décourager les usagers est aussi un moyen de limiter les sollicitations. Et qu’importe si l’image de l’Insee, le taux de réponse aux nombreuses enquêtes par internet pour lesquelles Insee contact est mis à contribution ou encore le temps de réponse aux mails des usagers s’en ressentent : ces éléments ne font pas partie des indicateurs que l’Insee s’est donné pour consigne d’améliorer !

Des agents méritants… mais pas au point de pouvoir conserver leurs maigres avantages horaires !

Parallèlement, la Direction a profité de cette séance de « dialogue social » pour réaffirmer sa volonté de mettre fin à l’accord RTT permettant un temps de travail de 36h par semaine au lieu de 37h30. Cet accord décidé il y a plus de 20 ans tenait compte de la pénibilité et des astreintes téléphoniques pesant sur les agents. La Direction entend rayer d’un trait de plume cette juste compensation au moment même où les conditions de travail n’ont jamais été aussi dégradées ! Quelques jours plus tard, la dérogation horaire dont ils bénéficient disparaît comme par enchantement de leur fiche de poste : sans leur consentement, et avec tout le sens du timing qui la caractérise, la direction remet donc en cause un des paramètres fondamentaux sur lesquels les agents se sont basés en décidant de postuler dans un PIC !

Le PIC : tu l’aimes ou tu le quittes !

À ceux qui trouveraient ce comportement quelque peu mesquin, la Direction répond en annonçant que les agents des PIC bénéficieront d’une NBI. Une bien maigre compensation dans la mesure où les agents subissant des restructurations de ce type en bénéficient la plupart du temps. Et s’ils ne sont toujours pas convaincus, qu’ils n’hésitent pas à quitter le service !

La Direction croit-elle vraiment que les postes disponibles par ailleurs sont légion ? A-t-elle oublié que la diversité des métiers et les effectifs de la plupart des établissements se sont réduits comme peau de chagrin ?

En résumé :

  • pas de prise en compte de la pénibilité du travail,
  • pas de reconnaissance du travail accompli,
  • pas d’association des agents concernés aux décisions portant sur l’organisation de leur travail
  • La Direction aurait souhaité démontrer son mépris du dialogue social et des agents qu’elle ne s’y serait pas prise autrement.
  • Cela ne sonne en aucun cas la fin de la mobilisation. Les agents se réuniront pour les suites à donner !

En attendant, l’intersyndicale continue plus que jamais de demander :

  • le maintien des plages de permanences téléphoniques (9h-17h) pour un service public plus proche des usagers, plus simple et plus efficace, conformément au programme « Service Public + » ;
  • des moyens matériels et humains à la hauteur d’une charge de travail en augmentation ;
  • le maintien de l’accord historique sur le temps de travail pour tous les agents d’Insee Contact assujettis aux plages téléphoniques.

Si vous partagez également ces revendications, n’hésitez pas à aller signer – au cas où ce ne serait pas déjà fait – la pétition pour les agents d’Insee contact lancée par l’intersyndicale !

Et si vous souhaitez en savoir plus sur leur combat, n’hésitez pas à lire le tract qu’ils et elles ont rédigé !

 

Les organisations syndicales CFE-CGC, CFDT, CGT, FO et Sud de l’Insee